Tally Weijl France va revoir sa copie stratégique
Boutique Tally Weijl.
«C’est un acte qui ouvre une période d’accalmie pour l’entreprise.» Le gel des créances doit agir comme une «bouffée d’oxygène financier» permettant de renégocier les loyers, de soulager temporairement la trésorerie et de repartir du bon pied. Le redressement judiciaire prononcé mi-février pour la branche française de Tally Weijl lui accordera un peu de répit au milieu de la tempête avant de reprendre la mer. «L’objectif n’est absolument pas de trouver un repreneur, mais bien de régler ces éléments puis, au terme de la période d’observation, de présenter un plan de continuation», précise un porte-parole. Le groupe suisse, fondé en 1984 par Tally Elfassi-Weijl et Beat Grüring, a d’ailleurs apporté tout son soutien à sa branche française, assurant «rester à ses côtés» et vouloir poursuivre ses activités dans l’Hexagone. L’été dernier, il avait pourtant décidé de fermer un quart de ses 800 magasins dans le monde pour se recentrer sur une distribution plus numérique.
Mauvaise conjonction
Les raisons qui ont conduit l’enseigne à se mettre sous la protection du tribunal de commerce de Paris sont à chercher ailleurs. Tally Weijl France Retail a vécu une poussée de croissance lors de deux années sombres pour le commerce. Une mauvaise conjonction des planètes. Courant 2017, l’ensegien a racheté 69 magasins Mim pour les intégrer. Dix ans après son implantation en France, son réseau s’est retrouvé multiplié par six en quelques semaines. Actuellement, il se compose de 69 succursales et 39 franchises pour un chiffre d’affaires de 30 millions d’€ en 2020.
Une fois cette absorption digérée et sa nécessaire période d’adaptation puis de relance, la chaîne a dû faire face à une série noire : « gilets jaunes », grèves, pandémie. Les deux périodes de fermeture administrative ont achevé d’épuiser sa trésorerie. Privée d’entrée d’argent, et même en recourant au chômage partiel, l’enseigne a conservé des créances, dont les loyers de ses magasins en propre. Avec certains bailleurs, un terrain d’entente a pu être trouvé. «D’autres n’ont pas pu ou voulu accepter des étalements de paiement ou des abandons de loyers». C’est donc pour obtenir «un cadre de discussion plus apaisé», durant lequel ces sommes sont suspendues, qu’elle a demandé un redressement. Accompagnée par deux administrateurs judiciaires, elle va mettre à profit la période d’observation pour «renégocier les loyers». Elle assure qu’aucune fermeture de magasin ni aucun plan social concernant ses 280 salariés ne sont à l’ordre du jour. «Nos activités se poursuivent durant la procédure». Mieux encore, le développement sur le marché français doit reprendre dès que possible.
Stéphanie Athané
Article du 24 février 2021