Manish Arora baisse définitivement le rideau
Collection printemps-été 2020.
Manish Arora Paris, c’est fini. La société a été liquidée. Elle avait été créée en 2014 pour exploiter une boutique atelier de 130 m2 située rue Rouget-de-L’Isle, entre les Tuileries et la rue Saint-Honoré. Celle-ci est restée porte close depuis le printemps, date du premier confinement, et n’aurait jamais réouvert depuis. Dans la foulée, toutes les activités, le site Internet, comme les boutiques de New Delhi et de Mumbai (la ville qui a vu naître Manish Arora en 1972), ainsi que les livraisons de ses collections d’hiver, ont été stoppées.
Système éducatif local
Les activités du créateur indien remontent à bien avant l’ouverture du navire amiral parisien et de la création de Manish Arora Paris. Celui que les observateurs qualifiaient de « John Galliano indien » s’était déjà fait une belle réputation en Asie avant de se confronter à la presse et aux acheteurs après 2005. Il faisait la fierté de la fédération indienne de la mode, qui le citait comme un modèle de styliste issu du système éducatif local qui avait réussi à se hisser au rang des grandes griffes de luxe international. Après la création de sa marque en 1997, Manish Arora était monté crescendo dans les Fashion Week internationales. Il a débuté à celle de New Delhi en 2000, dont il est vite devenu la tête d’affiche. Il a débarqué à Paris sept ans plus tard, auréolé de ses succès aux Semaines de la mode de HongKong puis de Londres en 2005 et 2006.
Psychédélique et kitsch
Proche de la célèbre détaillante parisienne Maria-Luisa, et diffusé à partir de 2004 par le show-room MC 2, le créateur a su séduire avec une approche ultra colorée et fantaisiste, radicalement opposée à la mode minimaliste ou sportive qui avait alors cours. Sa palette de couleurs psychédéliques et ses motifs kitsch sur des vêtements combinant l'artisanat indien traditionnel – comme la broderie, les appliqués et les perles – avec des silhouettes occidentales, avaient réussi à se frayer un chemin dans les boutiques les plus prestigieuses du monde. Son audace et ses parti-pris l’avaient même conduit jusqu’à la direction artistique de Paco Rabanne en 2011.
Les difficultés se sont malheureusement accumulées par la suite. Selon le New York Times, d’importantes divergences avec ses actionnaires, dont son associé de toujours Deepak Bhagwani, auraient précédé les fermetures administratives pour endiguer la pandémie.
Isabelle Manzoni
Article du 23 novembre 2020