Il y a masque textile et masque textile. L’Uit (Union des industries textiles) et l’Ufimh (Union française des industries mode et habillement) tiennent à le faire savoir : un masque industriel en tissu confère autant de sécurité que ses concurrents en non-tissé. La communication du Haut conseil de la santé publique (Hcsp) le 18 janvier dernier, a, il est vrai, semé une certaine confusion. Devant la montée inexorable du variant anglais du covid dans l’Hexagone, l’organisme a en effet « recommandé l’utilisation de masques FFP2 ou de masques grand public de catégorie 1 (UNS 1), qui filtrent plus de 90% des particules de 3 microns ». En revanche, il a déconseillé les masques artisanaux « dont les capacités ne sont pas assez filtrantes ».
Mais devant le risque de voir tous les masques en tissu mis dans le même panier (ou en l’occurrence dans la même poubelle), l’Uit et l’Ufimh ont tenu à souligner que les fabricants français de textile et d’habillement mettent bien « sur le marché des masques grand public de catégorie 1». Elles invitent les citoyens et donneurs d’ordre à donner la priorité à ces masques pour soutenir des entreprises françaises et leurs salariés qui se sont mobilisés pour les développer, en pleine pandémie, avec le groupement SavoirFaire Ensemble (SFE). L’Uit et l’Ufimh rappellent que, pour identifier les masques en question, il s’agit de repérer le logo "Filtration garantie" apposé sur le produit ou l’emballage. Et qu’il faut respecter le nombre de lavages garanti et suivre les indications d’entretien.
Chute des commandes ?
La prise de parole des organisations professionnelles est-elle destinée à contrer une chute brutale des commandes de masques textiles français ? A l’Uit, on explique avoir anticipé et ne pas encore avoir eu de retour de la part de ses adhérents sur le sujet. Ceux-ci répondent aux appels d’offre de donneurs d’ordre (entreprises, professionnels de la santé…) via le site du groupement SFE. Ce qui permet « d’être plus proche de la demande » et limite, a priori, le risque de se retrouver avec des stocks invendables…
Guillaume Gibault, le fondateur du Slip Français, nommé ambassadeur des masques textiles français par le gouvernement, indique qu’il n’y a pas, « pour le moment, vraiment d'impact lié à cette annonce ». « Le groupement SFE a, dans son immense majorité, fabriqué des masques catégorie 1 depuis le début. Nous continuons à promouvoir les masques textiles Made in France avec un bon écho auprès d'un public large : collectivités, entreprises, particuliers ».
Mais selon Paul de Montclos, le Pdg de Garnier Thiebaut, le spécialiste vosgien du linge de maison, la communication du Haut Conseil de la Santé Publique a d’ores et déjà « jeté le discrédit sur nos masques en tissu ». A ses yeux, « le mal est fait » pour les industriels qui ont « fait le boulot en respectant des cahiers de charge ». En cas de mévente, il estime qu’il faudrait « leur proposer une compensation ».
Sophie Bouhier de l’Ecluse
Article du 27 janvier 2020