DISTRIBUTION : Le covid-19 précipite la mutation du commerce
Une vie sans commerces de mode. ©Patricia Huchot-Boissier
«Nous n’étions pas préparés à vivre sans nos magasins. Il a fallu nous adapter.» Julien Pollet, le président de Promod, résume bien le saut dans l’inconnu qu’a représenté 2020 pour les distributeurs d’habillement, relégués au rang de «non-essentiels». Les fermetures et réouvertures ont affaibli tout le monde sans exception, les indépendants isolés, les enseignes en phase de relance, aussi bien que les grands magasins privés de leurs touristes. La casse est historique pour le secteur. Et ce n’est pas terminé. De nouvelles déconvenues sont attendues. Mais les confinements ont bousculé la façon de faire du commerce. D’ailleurs, il y aura forcément un après, entre tournant numérique, même de bric et de broc pour le commerce de proximité, et développement tous azimuts de services qui unifient les canaux. La perspective d’un vaccin fait croire en une année 2021 où la vie reviendrait un peu à la normale, mais pour la distribution, les répliques de ce séisme, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, vont se ressentir encore longtemps.
Des magasins restés portes closes pendant trois mois, soit un quart de l’année. Le temps d’une allocution présidentielle, les commerçants qui avaient baissé le rideau confiants le soir du 14 mars n’ont pas pu le relever le lundi suivant, victimes collatérales du covid-19. Les boutiques de mode qui se lançaient vers le printemps ont été réduites à des coques sans vie dont les vitrines figées laissaient entrevoir des collections vite devenues hors-saison. Tout cela parce qu’elles ont été jugées «non essentielles»…