Le propriétaire de Topshop, Topman, Burton, Miss Selfridge, Dorothy Perkins, Wallis et Evans s’est placé sous le régime des faillites après avoir essuyé “une chute d’activité en raison de la crise sanitaire”. Il remet son sort entre les mains des administrateurs, sous l’égide du cabinet Deloitte.
Véritable tremblement de terre dans le secteur, cette décision menace 13.000 salariés et 466 magasins. Alors que pour l’heure, “aucun licenciement n’est d’actualité” et que “la réouverture des magasins post-confinement aura bien lieu”, l’administrateur se dit prêt à “étudier toutes les options” et est à la recherche d’un chevalier blanc pour “reprendre les différents actifs du groupe”.
Déclin d’un empire
“Les obstacles que nous avons subis ont été trop sévères”, a concédé le directeur général Ian Grabiner. La crise du Covid a accéléré le déclin du groupe britannique qui s’était déjà enlisé dans les difficultés au cours des dernières années. Après avoir accusé une chute de 10% de ses ventes en 2018 et enregistré des pertes de 153 millions d’€ en 2019, il avait dû fermer les portes de 23 magasins en Grande-Bretagne et 11 magasins aux Etats-Unis en juin dernier. Quatrième plus gros distributeur de mode Outre-Manche en 2015, Arcadia est tombé en 2020 à la dixième place, réduisant sa part de marché (2,7%) à peau de chagrin, selon Global Data. “De zéro à héros, puis retour à la case départ”, ironise The Guardian pour décrire la chute de son propriétaire, le magnat controversé du commerce britannique.
Perte de crédibilité
Auparavant “joyau de sa couronne” et fleuron de la mode jeune britannique à l’avant-garde des tendances, son enseigne phare, Topshop, rachetée en 2002 par Philip Green, est passée des feux de la rampe des podiums aux rayons défraîchis de magasins vieillissants. A son apogée, l’enseigne, adulée par des hordes de clientes assoiffées de mode pointue à prix raisonnable, paraissait inébranlable. Ses collections, conçues par des créateurs en vue ou célébrités comme Kate Moss, s’arrachaient comme des petits pains. Au fil du temps, elle a perdu de son lustre et de son crédit au profit de concurrents plus agiles tels qu’Asos, Boohoo, H&M ou Zara. “Elle n’a pas su se renouveler ni négocier le virage du numérique”, résume une analyste de Global Data. Ses autres enseignes se sont quant à elles perdues dans une crise identitaire, sans ligne directrice forte. “Les marques d’Arcadia ont souffert d’un manque d’innovation et d’investissement, surtout à l’ère digitale, les rendant particulièrement vulnérables”, juge Chloe Collins (GlobalData).
Manque de cohérence, trop de marques mais aussi de magasins. Lesté par un parc surdimensionné et coûteux, le groupe a d’autant plus été affecté par la pandémie dont l’effet dévastateur a été sans appel pour la “high-street”.
Chevalier blanc
“La meilleure option pour assurer la survie des enseignes d’Arcadia serait qu’elles soient acquises séparément afin que chacune reçoive l’attention et l’investissement nécessaires pour redevenir attractive et compétitive”, estime Chloe Collins (GlobalData).. Topshop, l’enseigne la plus populaire d’Arcadia, serait la plus à même d’attirer les convoitises d’acheteurs potentiels, comme le groupe Frasers, dont le propriétaire Mike Ashley n’a pas caché son intérêt. Boohoo ou Asos pourraient aussi lorgner sur elle pour “doper leur portefeuille”.
Delphine Arbonne, à Londres
Article du 1er décembre 2020