Z disparaît du paysage commercial et seule une petite partie de Kidiliz est sauvée. Le tribunal de commerce de Paris a tranché sur le sort de l’ex groupe Zannier, qui était en redressement judiciaire depuis le 10 septembre. Son périmètre fond comme neige au soleil : sur les 2.600 salariés dans le monde (dont 1.483 en France), seulement 497 sont repris (356 dans l’Hexagone). Et sur les 900 magasins du périmètre initial (430 en France), ils seront seulement une centaine à poursuivre leur activité.
Si le groupe était mal en point, il a joué de malchance avec le reconfinement de novembre. Seulement huit candidats se sont finalement présentés contre une vingtaine initialement. La combinaison de sept offres complémentaires a été retenue. Mais ce sont surtout des leaders de la mode hexagonale, soit IdKids, et dans une moindre mesure Cwf, qui se partagent ses beaux restes. Ceux-ci comprennent les marques-enseignes Catimini (monomarque) et Kidiliz (multimarques maison), ainsi que le portefeuille de marques composé d’une quinzaine détenues en propre (Absorba, Jean Bourget, Chillaround, Chipie, 3 pommes…), et de licences (Kenzo, Paul Smith Junior, Levi’s Kids, Esprit…). Mais Z, la marque-enseigne historique du groupe, précurseur à succès dans les années 80 d’une mode très accessible pour les enfants, n’a pas trouvé preneur. La société comptait presque 400 boutiques, dont la moitié à l’étranger, et 600 salariés. Mais le ver était déjà dans le fruit depuis un bon moment. Depuis l’an dernier, Kidiliz cherchait à s’en séparer.
Copie revue à la baisse
ÏDKids (Jacadi, Okaïdi, Oxybul, Fnac Eveil et Jeux), reprend finalement 79 boutiques Kidiliz et Catimini, les marques Absorba, Lili Gaufrette, 3 Pommes, Beckaro, Chipie. Ce qui représente au total 229 collaborateurs. C’est beaucoup moins que ce que proposait le groupe un mois plus tôt, qui était prêt à intégrer 615 postes.
Dans cette vente par appartements, les reprises des autres repreneurs sont limitées. Cwf (Children Worldwide Fashion) n’intègre finalement que 86 salariés alors qu’avant le confinement il visait 200 salariés. Déjà détenteur de nombreuses licences (Boss, Chloé, Dkny, Karl Lagerfeld, Lanvin…) et labels maison, le leader vendéen de la mode enfantine haut de gamme, absorbe deux magasins d’usine, ainsi que l’activité de licence de Kenzo Kids et Paul Smith Junior.
En revanche, Gpe (Générale pour l’enfant) a jeté l’éponge. Le groupe réunissant les enseignes Sergent Major, Natalys et Du pareil au même (Dpam) était prêt, avant le confinement, à reprendre près de la moitié des effectifs du réseau italien de Kidiliz, soit sa filiale la plus importante avec 640 salariés. Un nouveau jugement aura lieu le 1er décembre pour trancher le sort de cette dernière, ainsi que de celles de Belgique et du Luxembourg. L’italien Zucchi, leader européen du linge de maison, est ainsi intéressé par 173 salariés, 43 boutiques en Italie (et 12 en France). Les filiales en Allemagne et aux Pays Bas ont, elles, été liquidées. Quand à celles implantées aux Etats-Unis, en Angleterre, Espagne, Portugal et Chine, elles n’étaient pas encore concernées par le redressement judiciaire mais font l’objet de discussions.
Manque de restructuration
Une poignée de repreneurs se contentent de quelques miettes. L’américain Hanes a repris l’activité licence de sa marque Dim, et avec elle trois salariés en France. Enfin, une ex-salariée de Kidiliz a repris une boutique et deux petits détaillants de mode enfantine en ont repris une ou deux.
Déjà mal en point avant la crise sanitaire, Kidiliz n’aura donc pas survécu à celle-ci. L’espoir était revenu quand Semir, le groupe chinois spécialiste de la mode enfantine et junior, l’avait racheté fin 2018 à son fondateur Roger Zannier Mais s’il en avait fait ainsi le numéro deux mondial du secteur, le nouveau propriétaire n’a pas su assurer sa réussite. Appelé à la rescousse en juillet, le redresseur d’entreprises et nouveau Pdg Patrick Puy, établit aujourd’hui un constat sévère. Après le rachat, Semir n’aurait pas restructuré et optimisé l’organisation de Kidiliz comme il aurait dû le faire. Celle-ci s’avère très dispersée avec onze sièges et cinq dépôts logistiques. Il n’aurait pas permis au projet de Patrick Puy, censé surmonter la crise du covid, de se concrétiser. Le Pdg souhaitait notamment solliciter un plan garanti par l’Etat (Pge) de 50 millions d’€, mais Semir n’a pas voulu mettre sur la table les 30 millions d’€ nécessaires pour l’obtenir. En 2020, Kidiliz ne devait réaliser que 260 millions d’€ de chiffre d’affaires (contre 388 millions d’€ en 2019), avec une perte d’exploitation de 38 millions d’€.
Sophie Bouhier de l’Ecluse
Article du 25 novembre 2020