Si l’on prend une vue d’ensemble, Inditex est resté dans le rouge au terme des trois premiers trimestres de 2020. Au 31 octobre, son chiffre d’affaires subissait une baisse en comparable de près de 30% à 14 milliards d’€. Quand au bénéfice net, grevé en partie par le plan d’optimisation des points de vente, il était en recul de 75%. Pourtant, à regarder de plus près, le propriétaire de Zara, Oysho, Massimo Dutti et Pull&Bear, entre autres, a commencé cet automne à remonter la pente après le coup de massue de la pandémie mondiale. Avec un parc ouvert à 95%, mais subissant quelques restrictions (horaires, jauge, etc), le troisième trimestre a permis «un fort rétablissement des opérations» selon le géant espagnol de la distribution. Sur cette période, la chute de chiffre d’affaires a été ramenée à 13,5% et le bénéfice net a contredit les prévisions en ne cédant que 30%. Au fil du temps, l’activité mensuelle s’est rapprochée de son niveau de comparaison. En octobre, les ventes atteignaient 94% de celles d’octobre 2019. A titre indicatif, elles étaient de 28% pour avril, 72% pour juin et 87% en août. Depuis le début de l’exercice, seul février a dépassé son niveau de l’an dernier.
Le même rebond du début d’automne est observé chez son concurrent direct, H&M qui clôt l’année fiscale sur une baisse de chiffre d’affaires de 18%. A priori, son quatrième trimestre, compris entre septembre et novembre, se tient dans cette tendance avec une baisse de 10%. En réalité, cette période s’est jouée en deux temps contradictoires. Jusqu’au 21 octobre, la baisse était mesurée (-3%) et la relance se ressentait. Puis la vague de reconfinement l’a enrayée et fait rechuter les compteurs (-22%).
L’e.commerce en hausse de 75%
Pour Inditex, son ascension prometteuse du troisième trimestre -qui pouvait permettre de retrouver une stabilité au douzième mois- s’est vite heurtée au déferlement de la deuxième vague du Covid-19. Mi-octobre, dans certains pays, les fermetures de magasins ont repris. Deux semaines plus tard, la France faisait partie du lot. En novembre, 21% des quelque 7.195 magasins du groupe ont donc gardé portes closes. Ce qui a fait tomber le ratio mensuel à 81% de l’activité à comparable. La réouverture est progressive depuis début décembre, mais la normale n’est pas encore rétablie. A l’heure actuelle, 8% du maillage subit une fermeture temporaire. Il faut y ajouter 10 % supplémentaire, le week-end.
Tout en assurant «rester confiant» pour la fin de l’exercice fiscal, qui sera publié en mars 2021, le groupe sait qu’il demeure dépendant des aléas de la pandémie. Il est conscient aussi que le bilan ne sera pas en hausse. Obtenir l’équilibre du chiffre d’affaires tiendrait déjà du miracle. L’autre certitude est que l’e.commerce va connaître une percée record, dopée par les confinements, les fermetures et la peur de se rendre en magasin. Au terme des neuf mois, le site marchand affolait déjà tous les compteurs. Sa fréquentation a grimpé de 44% et ses ventes ont bondi de 75%. La tendance demeure puisque depuis le début du quatrième trimestre, «la croissance continue sur le même rythme». Elle devrait le conserver d’ici la fin de l’exercice, fin janvier 2021.
Stéphanie Athané
Article du 16 décembre 2020