En 2020, Hermès est resté une valeur sûre pour ses clients et ses actionnaires. Malgré la pandémie et les contraintes qu’elle entraîne, ses ventes ne se sont tassées que de 6% à taux de change constants, à 6,4 milliards d’€. La performance est remarquable quand on sait que les leaders français du secteur, Lvmh et Kering, ont subi, eux, des chutes de 16%. Et les spécialistes annoncent pire pour le secteur. Le sellier y voit la démonstration de « sa capacité d’adaptation » et « de l’agilité et solidité de son modèle artisanal ». Son résultat net part a aussi plutôt bien tenu, avec un repli de 9%, à 1,38 milliard d’€.
Pour Hermès, la reprise s’est profilée dès le troisième trimestre, avec une hausse de son chiffre d’affaires de 7%. Au quatrième, celle-ci a plus que doublé (+16%).
Compensation
Comme chez les grands leaders, l’Asie et l’e.commerce (dont il a été un pionnier dans le luxe) ont permis à Hermès de retrouver de l’oxygène au second semestre. Le succès des ventes en ligne s’est « confirmé dans toutes les régions ». La nouvelle plateforme a notamment poursuivi son déploiement en Asie et au Moyen Orient. Cette résilience a aussi été nourrie par la fidélité des clientèles locales, qui ont permis de compenser la réduction des flux touristiques.
L’Asie-Pacifique hors Japon (+14%) a ainsi été « portée par un excellent quatrième trimestre (+47%) » avec, pour moteurs, la Grande Chine, la Corée et l’Australie. Ayant retrouvé son dynamisme en juin dernier, le Japon a aussi signée une année 2020 très honorable, avec un recul limité de 4%. Hermès a pu compter sur « la fidélité de la clientèle locale » et les belles ventes de la plateforme Hermes.jp. Si elle s’est redressée progressivement au second semestre, avec même une légère croissance au quatrième trimestre, l’Amérique (-21%) a connu une année 2020 peu satisfaisante. De même, l’Europe hors France (-20%) et encore plus la France (-29%) n’ont guère brillé. Les deux zones sont restées « pénalisées par les fermetures de magasins en novembre dans plusieurs pays et la nouvelle vague de restrictions à partir de la mi-décembre ».
Une activité contrastée
Côté métiers, c’est le grand contraste entre les ventes résilientes des Autres métiers (+24%, à 643 millions d’€, dont +56% les trois derniers mois), portés par l’univers de la Maison et la Bijouterie, et la division Soie et Textiles (-23% à 452 millions d’€) plombée par le plongeon des ventes dans les aéroports. Pour la même raison, les ventes de Parfums et Beauté ont fondu de 19%. Entre les deux extrêmes, la Maroquinerie-Sellerie (-5% à 3,2 milliards d’€) et les Vêtements et Accessoires (-9% à 1,4 milliard d’€), qui avaient repris leurs esprits au troisième trimestre, ont accéléré au quatrième trimestre, respectivement de +18% et de +12%. Si la femme a continué à faire un défilé printemps-été 2021 en présentiel en octobre, l’homme a tâté pour la première fois du format digital début juillet. A noter, enfin, l’Horlogerie (+2% à 196 millions d’€) qui a cartonné au quatrième trimestre (+28%).
Confiance dans l’avenir
Malgré la pandémie, Hermès a embauché près de 1.200 personnes, dont la moitié est liée à l’intégration de J3L. Aujourd’hui, le groupe se dit « confiant dans son avenir » et celui de ses 16.600 salariés (fin 2020), dont près de 10.400 en France. « A moyen terme, malgré les incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires dans le monde », il confirme « un objectif de progression du chiffre d’affaires à taux constants ambitieux ».
Sophie Bouhier de l’Ecluse
Article du 24 février 2021