En cédant la majorité de son capital au fonds Sequoia Capital China, Ami la maison de luxe accessible fondée par Alexandre Mattiussi montre que ses ambitions ne souffrent guère de la pandémie. 2020 n’a d’ailleurs pas freiné son développement avec une envolée de 50% de son chiffre d’affaires à 50 millions d’€ l’an dernier.
Ses axes de développement affichés il y a deux ans lors d’un déplacement en Chine – soit le digital et le marché chinois- expliquent sans doute ces performances atypiques du créateur de prêt-à-porter masculin (et -un peu- féminin). Mais ce sont aussi sûrement la croissance menée avec brio depuis dix ans par Alexandre Mattiussi, appuyé, depuis 2013, par son directeur général Nicolas Santi-Weil, et son assise aujourd’hui « géographiquement équilibrée entre les Etats-Unis, l’Europe, la Chine et la Corée du Sud » qui ont séduit Sequoia Capital China. Parmi les 600 entreprises que ce fonds, spécialisé dans la technologie et le direct to consumer, a accompagnées ces 16 dernières années en Chine, figurent des noms aussi illustres qu’Alibaba, Tencent ou JD.com.
Une expansion multicanale et tous azimuts
La participation de Sequoia Capital China au sein d’AMI est majoritaire, Alexandre Mattiussi et Nicolas Santi-Weil restant actionnaires minoritaires. Alexandre Mattiussi, qui se disait attaché à garder le contrôle de son affaire, « continuera à diriger AMI dans son double rôle de président et de directeur créatif, avec une indépendance artistique absolue ». Nicolas Santi-Weil « restera en charge de l’exécutif dans son ensemble ». L’expertise de Sequoia Capital China en « matières de technologies et d’innovations dans le domaine » de la distribution, ainsi que « son réseau unique de fondateurs et d’experts, en Asie comme dans le monde » seront des atouts précieux pour renforcer encore l’aura internationale de la marque parisienne. Son équilibre géographique et multicanal sera cependant préservé. Cela passera à la fois par la poursuite du soutien de ses « canaux de vente directe, à commencer par l’e.commerce ». Le poids de ce dernier « ne cesse de grandir saison après saison » : en 2020, il a même explosé de +101% et pèse désormais 40 à 45% du chiffre d’affaires. Le label compte cependant aussi continuer d’« accroître son réseau retail ». En revanche, la boutique parisienne dédiée à l’offre féminine, installée rue de Grenelle, a fermé avant les fêtes. Devant le succès de cette dernière, la marque a en effet décidé de la déménager en 2021 dans un lieu plus spacieux de la capitale française. Lancée fin 2019, la ligne femme pèse déjà 11% du chiffre d’affaires de la marque.
Majorité d’enseignes physiques
AMI (homme et femme) est par ailleurs diffusé dans « plus de 350 multimarques dans le monde entier », soit une majorité d’enseignes physiques (dont en France, les Galeries Lafayette Haussmann et Le Bon Marché), et une poignée de pure-players (Matchesfashion, Ssense,…). La France est désormais son troisième marché. Le top cinq du label évolue d’une saison sur l’autre, la Chine, l’Italie, la Grande-Bretagne, la Corée du Sud, les Etats-Unis, le Japon et l’Australie plébiscitant également fortement la marque.
Neil Shen, le gestionnaire de Sequoia Capital, le fondateur et managing partner de Sequoia Capital China, se dit ravi, avec ses équipes, de s’associer avec AMI, « l’une des principales marques présentes sur le marché mondial, avec sa forte culture créative et une passion pour la digitalisation ». Il évoque « une nouvelle étape dans le parcours du fonds avec des entreprises internationales, leaders du retail dans l’industrie du luxe, pour les aider à accélérer leur transformation numérique et leur implantation dans les marchés locaux. »
Pour Nicolas Santi-Weil, « la combinaison de la portée globale et de l’expertise dans le domaine du numérique de Sequoia Capital China avec la créativité et l’énergie d’AMI va sans doute créer un cocktail formidable ». Les valeurs affichées par le créateur et son logo (un cœur rouge marié à un A majuscule), celles de « l’amitié, de la joie et de l’inclusion », devraient en tout cas entrer en résonnance avec les besoins d’un monde quelque peu déshumanisé par la pandémie.
Sophie Bouhier de l’Ecluse