Reebok pourrait bien sortir du giron d’Adidas. Le bruit qui courrait de longue date devient une option concrète pour l’équipementier allemand. Il a confirmé envisager de céder sa filiale américaine, qu’il avait lui-même acquis en 2006. Cette hypothèse fait partie des deux “alternatives stratégiques » évaluées par Adidas. Lequel n’exclue pas non plus de conserver Reebok ! La décision finale sera annoncée le 10 mars 2021, lors de la présentation officielle de son nouveau plan quinquennal par le dirigeant du groupe, le danois Kasper Rorsted.
En attendant, plusieurs candidats à la reprise, dont l’américain VF Corp et le chinois Anta Sports, seraient déjà sur les rangs.
Fil à retordre
Ce n’est un secret pour personne que Reebok a donné bien du fil à retordre à son propriétaire. Après des années d’efforts, il avait fini récemment par sortir la marque de l’ornière, grâce à « la mise en place réussie », en 2016, du plan de relance « Muscle Up ». En 2018, la marque était enfin parvenue à « revenir dans une zone de profit ». Et en 2019, avec une hausse de 2% (contre + 6% pour Adidas) à 1,75 milliard d'€, Reebok avait renoué avec le « chemin de la croissance ». Elle restait cependant loin derrière la marque championne éponyme du groupe, qui lui-même pesait 23,6 milliards d'€. Si elle avait retrouvé une belle forme aux Etats-Unis, son marché d’origine, dopé par une croissance à deux chiffres, elle continuait de perdre du terrain en Europe, et surtout en Asie-Pacifique. Et en 2020, le réveil de la marque a été douchée par la crise du covid-19 : ses ventes ont reculé de 42 % au deuxième trimestre 2020, à 228 millions d'€. Acquise pour 3,1 milliards d’€ en 2006, la marque n’est du coup plus valorisée que 803 millions d'€ au bilan du groupe.
Candidats à la reprise
Adidas pourrait donc bien avoir envie de se consacrer davantage à sa marque historique qu’à un label de second plan. Et cela d’autant plus qu’il pourrait faire jouer les enchères entre deux candidats de poids. Il semble que VF Corp ajouterait bien Reebok à un portefeuille déjà riche dans le sport, l’outdoor et le jean (Napapijri, Timberland, The North Face, Vans, Wrangler, Supreme…). Tandis que l’acquisition de Reebok permettrait au chinois Anta Sports de poursuivre son ambition affichée : devenir le numéro un mondial du secteur, devant Nike et Adidas ! Pour arriver à ses fins, cet ex sous-traitant de griffes internationales avait commencé par absorber en 2007 la filiale chinoise de l’italien Fila. Mais surtout, il s’était offert l’an dernier, pour la somme coquette de 4,6 milliards d’€, le groupe finlandais Amer Sports (propriétaire notamment des marques de ski Salomon et Atomic et du spécialiste canadien du vêtement de haute montagne Arc’teryx). Après l’entrée et le plat principal, va-t-il s’offrir un dessert de choix avec Reebok ?
Sophie Bouhier de l’Ecluse
Article du 16 décembre 2020